Rencontre avec Les Terres d'Ocre
Découverte du vignoble de Saint-Pourçain
Les Terres d'Ocre - Saint-Pourçain
Œil pour œil, dent pour dent, Saint-Pourçain
Il n'y a pas que les « jaune et bleu » que l'on supporte chez Marcon ! Les Terres d'Ocre, voilà un nouveau domaine qu'il nous tenait à cœur de vous présenter. Ce fier représentant Saint-Pourçinois est situé sur la petite commune de Châtel-de-Neuvre dans l'Allier, au nord de l'Auvergne.
Côté chiffres, Saint-Pourçain ce sont 600 hectares de vignes en appellation, 30 kilomètres de long, 16 vignerons, une cave coopérative et pas moins de 19 communes.
Éric et Valérie Nesson achètent des parcelles de vignes et en plantent, dès 1993. Au départ, ils apportaient leurs raisins à la cave coopérative. En 2013, désireux de récolter pleinement les fruits de leurs efforts, au sens propre comme au figuré, ils s'installent indépendamment. À cet instant même, ils sont rejoints par Florent Barichard leur neveu : le domaine Les Terres d'Ocre est né.
Le trio cultive au départ environ 8,5 hectares. Progressivement, l'exploitation s'agrandit pour atteindre aujourd'hui 14 hectares, complantés en Gamay, Pinot noir, Chardonnay et Tressallier. On reviendra sur cette dernière petite spécialité auvergnate un peu plus tard...
Éric, Valérie et Florent renferment dans leurs flacons les trois principaux terroirs de l'appellation, à savoir : des vins issus de sols sablo-argileux, de sols granitiques et plus récemment, de sols argilo-calcaires. Résultat, environ 60 000 bouteilles de blancs, rouges, rosés et effervescents sont produites et commercialisées chaque année, en AOC Saint-Pourçain, IGP Val de Loire et Vin de France.
Grand vigneron de la jeune génération
Florent, après quelques années d’études, part travailler un long moment chez un vigneron que l’on affectionne aussi beaucoup chez Marcon : Vincent Carême. Illustre producteur du Val de Loire, il lui apprend les nombreuses techniques de vinification et notamment celle des effervescents, dont découlera par la suite la superbe cuvée « Clin d’œil » (déclinée en blanc et rosé).
En 2005, il décide sur les conseils de Vincent d’aller voir ce qui se trame ailleurs, et descend jusqu’en Afrique du Sud poursuivre son perfectionnement. Après environ trois mois de vinification, il revient dans l’hexagone chez Bruno Lorenzon, vigneron reconnu de Mercurey : rigueur et soucis du travail bien fait sont de mise ! À la suite d’une nouvelle rencontre, il repart finalement en 2007 dans le « paradis du Pacifique », la Nouvelle-Zélande. Il ajoute ainsi une corde supplémentaire à son arc en approfondissant la vinification des vins rouges cette fois-ci, et notamment celle du Pinot noir… De retour en France, il vinifie alors en 2013 son tout premier millésime.
Un homme, un leitmotiv : pérenniser, valoriser et respecter
Florent, riche de ses nombreuses expériences et rencontres, amène une bouffée d’air frais sur le domaine. Dans cette dynamique constante de respect du terroir, il pratique la polyculture et entame aujourd’hui sa troisième (et dernière) année de conversion en agriculture biologique.
La troupe des Terres d’Ocre surveille de près le vignoble car tel que Florent l’exprime lui-même : « Un bon vin, c’est au moins 80 % du travail à la parcelle ». D’ailleurs, il pratique en parallèle bon nombre d’actions suivant la mouvance biodynamique : conduite, récoltes, vinifications en levures indigènes… Un travail colossal pour des vins formidables.
Florent Barichard, plus que de refléter simplement le terroir Saint-Pourcinois dans ses cuvées, s’attache à produire des vins très pointus mais accessibles, et qui surtout lui ressemblent. « Je souhaite donner mon empreinte, ma propre vision des cépages que j’exploite ». Il réalise donc un travail considérable sur ses « parcellaires » : terroirs et variétés de raisins sont ainsi isolés et vinifiés séparément. Des vins comme portraits, illustrant à merveille tout son savoir-faire ; savoir-faire qu’il met notamment en œuvre sur sa cuvée « Tressallier »…
Le Tressallier, un cépage aussi atypique qu’unique
Emblématique de l’Allier vous l’aurez deviné, on le retrouve aussi dans la région de Chablis sous le nom de « Sacy ». Issu historiquement d’un croisement entre le Pinot blanc et le Gouais, il représente aujourd’hui quelques 60 hectares seulement ! Cette variété donne des grappes assez petites et resserrées, aux grains de couleur brune, riches en pulpe et d’une grande fraicheur. Plutôt délicat à cultiver, il offre des vins relativement faibles en alcool mais soutenus par une (très) belle acidité.
Au Terres d’Ocre, un hectare de vieilles vignes est planté au lieu-dit « Gravoches » qui donne lui aussi son petit nom à l’une des cuvées. Plus récemment, nos trois vignerons ont aussi planté quelques pieds aux côtés de leurs Chardonnays.
Et en cave…
Côté vinifications, Florent aime à expérimenter de nouvelles choses. En plus des cuves béton, en fibres de verre, des fûts de chêne, il a ainsi fait l’acquisition de deux superbes amphores en grès et terre cuite, et d’un magnifique « œuf » (cuve ovoïde) en béton. Sur « Tressallier » par exemple, le jeune vigneron explore les différentes porosités de la jarre en terre et de l’œuf. Résultats concluants, la jarre apportant l’exubérance du fruit et la pureté, l’œuf quant à lui, une grande finesse. Le vin retranscrit la salinité et la fraicheur du cépage, tout en finesse, avec une longueur admirable.
Il est assez facile de marquer son empreinte via le Tressallier et de faire ainsi transparaitre ce que l’on souhaite, c’est pourquoi Florent l’affectionne tout particulièrement !
Millésime 2019 : entre richesse et rareté
L’intensité des cépages est d’autant plus marquée après ce millésime 2019. Plutôt rude pour le pays de Saint-Pourçain, seuls 220 millimètres d’eau sont tombés contre les 700 habituels, concentrant ainsi énormément les raisins mais faisant aussi baisser drastiquement les rendements… Pour Les Terres d’Ocre, cela représente une baisse d’environ 50 % sur les rouges, et de près de 70 % sur les blancs ! Néanmoins, nos compères peuvent (un peu) se réconforter après ces vendanges car la qualité des raisins est tout bonnement exceptionnelle : les grains sont parfaitement mûrs, riches et l’état sanitaire idéal. Avec un millésime 2018 lui, plutôt supérieur à la moyenne en termes de rendement, le domaine s’en tire finalement bien et cette prochaine année s’annonce à la fois précieuse et remarquable.
Vigneron, c’est réellement un métier qu’il faut faire avec passion, à chaque instant… Être attentif à chaque chose, en permanence… En fait, y a pas de rupture de boulot !
Florent, on vous le disait un peu plus haut, est un jeune homme plein d’entrain, de dynamisme et surtout d’ambition ! Trio gagnant pour le développement de ce joli domaine. Fort de ses expériences loin de la vieille Europe, où l’œnotourisme a quelques longueurs d’avance il faut le dire, il entreprend actuellement la construction d’une toute nouvelle cave souterraine : l’idée est de dissocier d’une part l’élevage des blancs et des rouges mais surtout, d’accueillir au mieux les futurs visiteurs… Qui sait peut-être vous ?
Nous vous parlions de ses essais, de ses projets mais Florent en a encore beaucoup sous le pied (pas de vigne celui-ci)… Plantation de nouveaux cépages, cuvées « parcellaires »… De nombreuses et belles choses sont à venir mais on vous garde quelques surprises !
03500 Châtel-de-Neuvre